Un rapport qui fait tache d’huile

dreamstime_m_1401980Le rapport du Vérificateur général (VG) a toujours un impact sur les entités vérifiées, Tourisme Montréal et le CHUM en sont les deux derniers exemples. Démissions et départs de présidents et PDG, remise en question du rôle des CA et du modèle de gouvernance au sein des entités. Ajoutons à cela le rôle du quatrième pouvoir (la presse et les médias), de même que la naissance d’un cinquième pouvoir, parallèle celui-là, que sont les réseaux sociaux. Il est indéniable que toutes les entités qui profitent de fonds publics devront faire une introspection de leurs modus operandi.

Le dernier rapport du VG a mis en évidence le rôle essentiel des conseils d’administration et d’une saine gouvernance où la notion de transparence prend tout son sens. Qu’on se le dise, la tolérance de la population pour les écarts de conduite se calcule à l’échelle du nanomètre. 

Oups! 

Je n’excuse pas l’inexcusable, mais le lendemain du dépôt du rapport du VG, le gouvernement annonçait un déficit de 2,5 milliards de dollars et le report de l’équilibre budgétaire. J’ai parfois l’impression que nous avons perdu le sens des proportions. Rappelez-vous la perte de 40 milliards de dollars de la Caisse de dépôt. Pouf! Disparu de la caisse et de notre mémoire collective. 

En ce qui a trait au déficit de 2.5MM$; PQ, PLQ, CAQ, etc. je crois que cela va devenir de plus en plus difficile d’atteindre l’équilibre budgétaire avec le  « modèle québécois » actuel. Toutefois, je suggère aux partis de l’opposition de faire preuve de précaution avant de lancer la première pierre au gouvernement actuel, car celle-ci pourrait bien leur retomber sur les pieds. 

Quant au modèle québécois, il faudra bien faire un jour, une réflexion collective sur celui-ci, et ce même si le déficit représente l’équivalant de 0,7% de notre PIB. Tandis qu’au fédéral, il se situe à 1,0% du PIB et en Ontario à 1,7% du PIB, selon Francis Vailles, dans un article publié le 30 novembre dernier dans La Presse. 

Une parenthèse 

Pour ceux qui ne me connaissent pas, j’ai été DG de l’ATR Gaspésie (1999-2004) et ensuite DG des ATR associées du Québec (2004-2012), deux beaux jobs. Très exigeants et même parfois durs, ce n’est pas dans mon intention de faire pleurer qui que ce soit, car c’est deux postes qui m’ont permis de vivre des expériences professionnelles et personnelles des plus enrichissantes. Et là je ne parle pas de cash pour les petits finfinauds qui sont portés sur les jeux de mots. 

De plus, c’est le même gars qui écrit régulièrement des textes sur la gouvernance au sein de l’industrie afin de provoquer une réflexion sur notre modèle d’affaires. Donc, oui j’ai été dans le réseau des ATR, mais cela ne m’empêche pas de remettre en question certaines manières de faire. 

Pourquoi cette parenthèse? Car je veux que vous me situiez bien par rapport à la suite de mon texte afin qu’il n’y est aucune ambigüité.

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Tourisme Montréal, sous les ex-PDG et président du conseil d’administration a fait de l’excellent boulot aux dires du ministre Pascal Bérubé et du maire Denis Coderre. Là où le bât blesse, c’est la gouvernance au sein de l’organisation. Je vous signale qu’à l’intérieur même du rapport du VG,  Tourisme Montréal le reconnait, et propose déjà des solutions. De plus, il y a un nouveau PDG, M. Yves Lalumière, avec une nouvelle manière de faire les choses. Ajouter à cela un nouveau président du conseil d’administration qui sera éventuellement nommé. 

Le VG a rendu un grand service à tout le monde avec son rapport sur les 4 ATR et Tourisme Québec. Il met en évidence l’importance d’une saine gouvernance pour une organisation, qu’elle soit sans but lucratif, privée, publique, parapublique, coopérative et j’en passe. Les éléments reprochés aux ATR, à part les écarts à Montréal, touchent les processus de gestion de certains contrats et programmes, de même que quelques aspects de la reddition de comptes. Pour corriger le tir, le VG utilise dans ses recommandations deux thèmes : bonification des processus de gestion et démonstration de l’objectivité dans la sélection de projets et de l’efficacité des programmes. 

Donc, aucune fraude ou bêtise quelconque. Des faiblesses ou des erreurs qui peuvent être rapidement corrigées par une révision des processus de gestion. Pour avoir été pendant une douzaine d’années au sein du réseau des ATR, il ne fait aucun doute pour moi que, bien que tout ne soit pas parfait, la gestion au sein du réseau est de très grande qualité. 

Plusieurs outils ont permis aux ATR d’améliorer leurs performances à ce niveau, entre autres, par la mise en place d’une reddition de comptes uniformisée qui permet, en toute transparence, aux ATR de se comparer entre elles afin de s’améliorer et pour Tourisme Québec de constater en un clin d’œil l’état du réseau. Modèle qui devrait inspirer plusieurs regroupements d’organismes. 

Quant à Tourisme Québec, là aussi des processus de gestion doivent être revus et corrigés. De même qu’une meilleure évaluation de la performance des ATR, l’élaboration d’un plan stratégique et enfin, l’amélioration des mécanismes de concertation des différents acteurs de l’industrie. 

Attention au retour du balancier 

J’ai lu comme vous dans les médias et réseaux sociaux les réactions du ministre Pascal Bérubé. Je crois que celui-ci a trouvé le juste équilibre pour faire connaître son profond désaccord sur certaines manières de faire et la nécessité de revoir certaines pratiques. Mais il y a toujours le risque d’un retour du balancier, sous prétexte de corriger le tir, des mesures trop contraignantes et contreproductives qui pourraient être mises en place. Le renouvellement de la  gouvernance demande de la réflexion, une prise de recul, car la précipitation est mauvaise conseillère dans ce type de démarche. 

Prendre la balle au bond 

Le Vérificateur général du Québec a rédigé un rapport sur 4 ATR et Tourisme Québec, mais celui-ci aurait pu aussi bien porter son regard sur n’importe quelle organisation qui est plus ou moins supportée par l’État ou qui est une extension de celui-ci. Alors, pourquoi ne pas en profiter pour réfléchir objectivement et sereinement sur le modèle de gouvernance optimum au sein de son organisation?