Quand nos produits du terroir bénéficient d’un projet de loi

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Les produits du terroir nous font voyager en saveurs et en souvenirs. Souvenirs d’enfance, d’escapades gourmandes ou de séjours inoubliables. Ils sont une sorte de machine à voyager dans l’espace et dans le temps de nos souvenirs.  Les retrouver près de chez soi serait une sorte d’invitation à aller y voir de plus près. 

Je fais partie de cette clientèle touristique qui est en forte hausse depuis plusieurs années et qui écume littéralement les régions du Québec à la recherche de produits régionaux. De l’étale de fruits et de légumes, en passant par le producteur en agrotourisme, le vignoble, la microbrasserie ou l’artisan de produits alcooliques de chez nous et du restaurant qui nous mitonne des plats aux saveurs d’ici, me voilà comme un enfant dans un magasin à bonbons qui a les yeux plus grands que la panse. 

La qualité de la bouffe, comme pour l’accueil, le confort de l’hébergement, les paysages, l’architecture, l’histoire, la culture, les rencontres possibles et imaginées de même que les facilités pour pratiquer mon activité du moment, fait partie de ma liste d’épicerie quand je choisis une destination que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde.

 Pas encore un projet de loi! 

Eh oui! Mais un projet de loi qui alimente ma réflexion, tout un jeu de mots, sur l’importance pour nos producteurs de pouvoir nous titiller les papilles près de chez nous. C’est essentiel pour le développement de leurs affaires, mais aussi un puissant argument de vente pour ceux qui peuvent nous accueillir chez eux afin de découvrir toute la gamme de leurs produits. 

Le projet de loi 395 – Loi modifiant la Loi sur la Société des alcools du Québec et la Loi sur les permis d’alcool, a été présenté par Stéphane Billette député de Huntingdon et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture et de pêcheries pour l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, le 7 juin dernier, où, à l’unanimité, les 107 députés présents ont voté pour son dépôt. 

Donc, un projet de loi qui facilitera la rencontre entre les vignerons et artisans de produits alcooliques d’ici et nous tous via, différents lieux ou événements. Si on se réfère aux notes explicatives et aux articles du PL.395, celui-ci prévoit que :

  • La Société des alcools du Québec a également  pour fonction de promouvoir les boissons alcooliques fabriquées au Québec ; 
  • « la vente peut être effectuée dans une exposition agricole ou agroalimentaire, dans un marché de producteurs agricoles, dans un marché public, dans une foire ou dans un autre événement public. »;
  • « la vente de ses produits peut être effectuée directement à un titulaire de permis d’épicerie ainsi que directement à un titulaire de permis de restaurant pour servir (apportez votre vin). »;
  • La création «d’une nouvelle catégorie de permis de fabrication de boissons alcooliques, soit un permis de distillateur artisanal. » 

Le PL.395 va renforcir la présence des vins et autres produits alcooliques québécois, sur les tablettes de la SAQ et des autres lieux mentionnés dans le projet de loi et en faciliter l’achat par les consommateurs friands de nos produits régionaux. 

Un projet de loi qui tombe pile 

Dans un article de la Presse Canadienne titré « La SAQ trinque à notre santé » et publié dans La Presse de ce week-end, il y est mentionné que la SAQ a conclu son exercice financier 2012-2013 avec un résultat net de 1,030 milliard de dollars en progression de 3,1%. En résumé, les ventes en dollars et en volume ont progressé pour les vins et les spiritueux, sauf une légère baisse pour les bières importées et artisanales, les cidres et boissons panachées. Donc, les affaires sont bonnes par les temps qui courent. 

La SAQ dans un communiqué datant du 5 juin et dans un texte publié dans La Presse le 6 juin, titre « La SAQ, partenaire des produits d’ici! », une stratégie de communication qui vise à démontrer que « la SAQ est engagée à faire rayonner les produits québécois »  et mentionne qu’il y a « environ 300 produits alcooliques du terroir, des vins, des cidres, des hydromels, des alcools de petits fruits et des liqueurs à base d’érable sont offert sur les étalages des magasins SAQ ». Et la SAQ, d’ajouter que les ventes ont progressé de 13% pour cette année. Pour les vins uniquement c’est de près de 40%. La Société énumère enfin toute une panoplie d’actions pour l’accompagnement de cette industrie. 

Si tout va bien dans le meilleur des mondes pourquoi diantre un projet de loi? Il est évident que les producteurs d’ici trouvent que l’accès aux tablettes de la SAQ devrait être plus facile. Il est aussi aberrant que l’artisan qui concocte un produit d’ici ne puisse pas effectuer directement la vente de son produit à une épicerie près de chez vous ou à un restaurant, ce que le projet de loi tente de corriger. 

Le projet de loi tombe à point, car le gouvernement Marois, sous le parrainage du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation François Gendron, a lancé en mai dernier la politique de souveraineté alimentaire du Québec. Un projet ambitieux, mais essentiel d’après moi pour les générations futures. 

Le PL.395 fera l’objet de discussions avant d’être adopté, espérons que nos législateurs vont conserver l’objectif de rapprocher les producteurs de leurs marchés. Si le PL.395 est adopté, il pourra ainsi contribuer à bonifier la politique de souveraineté alimentaire. 

L’industrie touristique dans tout ça 

Les joueurs touristiques concernés directement ou indirectement par ce projet de loi auraient tout  intérêt à faire connaître leurs avis sur  celui-ci. Le rôle de l’industrie touristique est surtout un rôle de support et de promotion des lieux ou événements relatifs aux produits alcooliques du terroir. À regarder les guides, sites internet, outils de promotion des régions touristiques du Québec (ATR), des  associations sectorielles (AMPQ, Saveurs du terroir, SATQ, etc.), de Tourisme Québec cela ne fait aucun doute. C’est justement pour cette raison qu’ils doivent y apporter une attention particulière. L’association des restaurateurs du Québec (ARQ) va sûrement suivre le dossier de très près, de même que l’association des restaurateurs de rues du Québec (ARRQ). 

Il y a indéniablement un mariage de raison et de passion entre les acteurs de l’industrie touristique et les vignobles et artisans des produits alcooliques du terroir. Le mariage est déjà consommé depuis de nombreuses années dans certaines régions du Québec, ce projet de loi devrait servir à ranimer la flamme pour de nombreuses années. 

C’est sans oublier la SAQ qui est un partenaire de longue date de l’industrie touristique via son support à des événements et ses actions de promotions de produits québécois. Il est d’ailleurs prévu une campagne de promotion des produits québécois, par la SAQ lors de la fête nationale du Québec, le 24 juin. 

Pour la prochaine campagne, la SAQ et les acteurs touristiques devraient unir leurs forces de promotions en utilisant les vins du Québec, les produits alcooliques du terroir et les bières d’ici comme ambassadeurs des régions du Québec, pour inviter les Québécois et les visiteurs hors Québec à venir découvrir les saveurs d’ici. En n’oubliant pas de leur dire que la modération a bien meilleur goût…ici.