Les Assises du tourisme 2013 – Pourquoi pas un virage?

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Ça fait deux semaines que cela me chicote, le 14 mai dernier se déroulait au Palais des congrès de Gatineau, les Assises du tourisme 2013 qui étaient suivies par le gala des Grands prix du tourisme québécois (GPTQ). La formule pour l’organisation de ce grand rendez-vous annuel de l’industrie touristique devrait telle être revue?

Organisées par Tourisme Québec (TQ), les Assises en étaient à leur 9e édition, dont les sept dernières ont été réalisées en collaboration avec l’Association québécoise de l’industrie touristique (AQIT). Plus de 300 représentants de l’industrie touristique participaient à l’événement. Pour cette dernière cuvée, la thématique des Assises portait sur l’importance « d’investir dans le QuébecOriginal ».

Mais qu’est qui accroche? Certainement pas l’organisation de l’événement, la machine est bien huilée, le tout se déroulait rondement. Là-dessus, je tire mon chapeau à l’AQIT et à Tourisme Québec. Croyez-en mon expérience ce n’est pas toujours une sinécure pour deux organisations aussi différentes d’arriver à ce résultat. Donc, à ce niveau, l’objectif est atteint.

Peut-être le contenu des conférences et ateliers? Franchement, quand j’ai lu la programmation complète de l’événement, un petit bémol elle est connue trop tard quant à moi (quand je disais que ce n’est pas toujours une sinécure…) je l’ai trouvée dans son ensemble intéressante. Parler des tendances et  d’investissements en tourisme sera toujours pertinent pour moi.

Une bonne organisation! Une programmation qui soulevait de l’intérêt! Diantre où ça accroche? Dans le livrable du contenu? Je ne crois pas, tout n’est pas parfait, mais les conférenciers et les animateurs étaient très bons dans l’ensemble, il y avait peut-être parfois un manque de punch ici et là (pas facile de prendre la parole sur l’heure du lunch!). Donc, du  bon boulot.

Il reste la formule, cette fameuse recette qui fait qu’un événement se démarque des autres, que celui-ci fait parler de lui, qu’il déclenche un buzz qui alimente longtemps les conversations et qui est un véritable challenge pour les éditions suivantes. Ne croyez surtout pas que j’ai la prétention de connaitre la formule idéale pour les Assises, mais je crois pertinent de tenter d’amorcer une réflexion sur la formule des Assises.

Quel est l’objectif?

Quelle devrait être la raison d’organiser ce grand rassemblement annuel? La communication de la connaissance et du savoir? La circulation de l’information, faciliter les échanges entre les principaux joueurs de l’industrie? Permettre à Tourisme Québec et à l’AQIT de communiquer avec l’industrie, les nouvelles tendances, les enjeux du jour,  la mise en œuvre de nouveaux programmes de TQ, la dernière stratégie marketing, etc.? Ou bien un peu de tout ça? Il y a aussi une multitude d’autres possibilités. Mais « qui trop embrasse mal étreint », donc il faut faire un choix. Quel devrait être l’objectif principal des Assises?

Une formule qui évolue

Initialement, un des objectifs des Assises était l’organisation par l’AQIT d’une rencontre pour l’industrie touristique sur les enjeux de l’heure. Cela devait aussi être un moment où le ministère faisait le point avec son industrie, reddition de comptes disaient les uns, lieu d’échanges disaient  d’autres. Mon impression c’est que graduellement l’équilibre entre les rôles de TQ et de l’AQIT s’est transformé au point que les  Assises, et cette dernière édition tend à le confirmer, sont devenues un véhicule pour Tourisme Québec afin de communiquer avec son industrie ses priorités et enjeux, le tout sous une thématique qui se veut rassembleuse. Que Tourisme Québec désire communiquer avec l’industrie c’est tout à fait louable, et donc à être encouragé.

De son côté l’AQIT devrait revenir à son rôle initial, afin d’assurer un juste équilibre entre le besoin légitime de TQ de contrôler le message qu’il désire transmettre aux participants et la nécessité pour l’industrie d’échanger et de communiquer à son tour à TQ ses réalités et besoins. Ce défi s’ajouterait au renouvellement de la formule des Assises. 

La clientèle

Ceux qui participent régulièrement aux Assises vont sûrement acquiescer quand je mentionne que le noyau dur des participants à l’événement est, année après année, composé des mêmes joueurs. Des dirigeants, des membres de leur équipe et aussi des membres des conseils d’administration des ATR, ATS et Offices de tourisme. Ainsi que des CLD, des représentants de Tourisme Québec, des grands partenaires de l’industrie et enfin des entreprises touristiques. À cela s’ajoutent en fonction de la thématique et du lieu de la rencontre d’autres entreprises touristiques tous secteurs d’activités confondus.

Donc, pour le noyau dur, il s’agit d’organisations qui ont les ressources financières et humaines pour participer à l’événement. De surcroît, pour ces organisations, c’est dans leurs ADN de participer à ce type de rencontre, car c’est une occasion pour celles-ci d’avoir une vue d’ensemble sur les enjeux de l’industrie. Mais aussi, il s’agit d’une opportunité en or pour échanger entre elles sur une multitude de sujets. Cela ne fait aucun doute quand on observe toutes ces discussions de corridors ou de coin de table qui s’avèrent souvent extrêmement constructives. 

Mais, comment se fait-il que les Assises qui attirent entre 300 et 450 participants et qui sont suivies par le Gala des Grands prix du tourisme québécois, qui a déjà attiré plus de 1 200 convives, ne réussissent pas à franchir la barre des 450 – 500 participants (ce n’est peut-être pas souhaitable non plus) et à profiter de l’achalandage des GPTQ et de sa clientèle plus diversifiée? D’autant plus, que les deux événements ont le même noyau dur de  clientèle.

Comment expliquer cela? Il est évident que malgré tous les efforts des organisateurs, le support de Tourisme Québec et l’appui des commanditaires pour maintenir les coûts de participation bas,  si on additionne les coûts de participation aux deux événements le total reste relativement élevé. Si à cela on ajoute les coûts liés à l’hébergement, le stationnement, le transport et tous les autres frais directs et indirects, la facture atteint des sommets qui refroidissent beaucoup de monde, surtout les petits entrepreneurs qui sont au cœur de notre industrie : 83% des entreprises comptent moins de 20 employés, selon les données de Tourisme Québec.

Nous pourrions donc en déduire que le coût pour participer aux deux événements est un facteur déterminant dans la prise de décision d’un entrepreneur. Cela amène une autre question, pourquoi ne pas séparer les deux événements qui ont à la base la même clientèle, alors que cela ne semble pas  profiter aux Assises? Il y a peut-être aussi la période de l’année qui pose problème. J’espère que c’est deux dernières questions trouveront réponses dans le dernier sondage que l’AQIT mène auprès des participants des Assises. Je vous invite à prendre 5 minutes de votre temps pour y répondre, ce petit geste sera profitable à tous.

Changement de cap!

Il est indéniable que les coûts de participation ont un impact sur le profil de la clientèle des Assises et son nombre. Il y a peut-être aussi la valeur ajoutée qu’un entrepreneur peut accorder à  l’événement. L’équation toujours délicate entre le coût et ce que le participant prévoit en retirer doit être au cœur du questionnement (voir le sondage) pour renouveler la formule des Assises.

Lors des dernières Assises, plusieurs personnes m’ont fait remarquer que les gens qui participaient à cette dernière édition étaient relativement bien au fait de la majorité des sujets qui étaient présentés. Sauf, bien entendu la conférence très appréciée de M. Jacques Daoust, président et chef de la direction, d’Investissement Québec qui avec un talent remarquable a fait un tour d’horizon de l’économie mondiale et de ses impacts ou opportunité pour l’industrie touristique du Québec.

Ces mêmes personnes qui m’ont fait part de leurs observations sur le profil des participants. Ils trouvaient dommage de voir tout ce savoir et  tout ce cumul d’expérience être aussi peu mis à profit. Tous ces gens d’expériences qui sont assis là,  à écouter des conférenciers et animateurs discourir sur des sujets qu’ils maitrisent eux-mêmes relativement bien. Imaginer une salle avec tout ce savoir des deux côtés de la scène, qui a tant à dire, tant à faire et qui est prisonnière d’une formule qui n’est pas adaptée pour exploiter tout ce beau monde qui ne demanderait qu’à l’être. Pourquoi ne pas en profiter, ce sont tous des adultes consentants?

On jase là!

Si la cible est la clientèle actuelle, l’objectif principal des Assises pourrait être de relever un défi par année, uniquement un, pas 2 ou 3, juste un défi en réponse à un enjeu prioritaire de notre industrie. Par exemple, la qualité du produit, l’investissement privé et public (nous sommes sur la bonne piste), les compétences des gestionnaires, la gouvernance (je sais c’est mon dada), la réalisation du Plan de développement de l’industrie, etc. La formule pourrait miser sur la vaste expérience des participants pour en extirper le maximum de jus, selon l’expression populaire, afin de dégager des pistes de solutions et une stratégie de mise en œuvre de celles-ci. Donc, une formule basée sur la participation et sur des échanges concrets. Moins de sujets, moins de conférences et plus de profondeur. La journée finirait par le Gala des GPTQ ou selon les résultats du sondage de l’AQIT. 

Il y a une autre option, la première journée s’adresserait aux organismes (ATR, ATS, etc.) et aux grands partenaires de l’industrie qui sont familiers avec la participation à ce type d’échanges sur les grands enjeux de l’industrie touristique.

Pour la deuxième journée serait convié les entreprises touristiques de toutes tailles, tous secteurs confondus, pour prendre connaissance et échanger sur les pistes de solutions avancées la veille, pour les remettre en question, les appuyer ou les enrichir. Cette deuxième journée pourrait commencer par une session d’information donnée par TQ sur l’avancement du Plan de développement de l’industrie touristique 2012-2020 ou toutes autres informations que TQ considère comme pertinentes (tendances, statistiques, stratégie de marketing, etc.). Cette option permettrait de séparer deux clientèles qui ont des attentes et des besoins différents et qui peuvent chacune à leur manière faire profiter de leur expertise à l’ensemble de l’industrie touristique. Un bémol toutefois, les coûts en argent bien sonnant et en temps seraient  augmentés de façon significative pour les organisations qui  participeraient aux deux journées.

Un défi à relever

Pas facile de renouveler la formule d’un événement, mais ne pas faire l’exercice de réflexion nécessaire après 9 éditions serait téméraire. Pour l’année prochaine, pourquoi ne pas profiter de cette dixième édition des Assises pour se projeter dans l’avenir ? Qu’en pensez-vous?