DIALOGUE SOCIAL OU DIALOGUE DE SOURD?

La Commission de révision permanente des programmes a mis en ligne, le 2 septembre dernier, une tribune sur son site invitant les Québécois à s’exprimer sur comment le gouvernement pourrait assainir ses dépenses et rendre l’État québécois plus efficace.

Récemment, la Commission a publié un compte-rendu des faits saillants et des  commentaires analysés     (4 857) pour le mois de septembre. J’ai retenu les principales propositions de la population qui pourraient affecter directement ou indirectement le ministère du Tourisme et l’industrie touristique.

Vous constaterez à la lecture des propositions qu’il n’y a rien de bien  révolutionnaire ou de nouveau dans celles-ci, comme quoi la vox populi est constante dans ses attentes à l’égard du gouvernement. Mais les annonces récentes, à tout crin, du gouvernement, qui s’accompagnent de nombreux faux pas, démontrent que celui-ci avance à l’aveugle, sur le chemin tortueux, pour sortir le Québec de ses déficits structurels. Le gouvernement l’apprend à la dure, les Québécois veulent du changement mais pas n’importe comment, ni à n’importe quel prix et gare aux excès de vitesse.

Administration publique, gouvernement et élus

Sur la taille de l’État :

  • Revoir les structures administratives pour éviter de réduire les services directs à la population.
  • Diminuer le nombre de députés, de même que le nombre de cadres et d’employés de l’État.
  • Réduire la bureaucratie pour une administration publique plus performante au regard de la qualité des services.

Sur les services :

  • Réviser les structures avant de toucher au panier de services offerts à la population.
  • Préserver les services considérés comme étant essentiels.

Sur les primes de départ, fonds de pension et régimes de retraite :

  • Abolir les primes de départ aux élus et hauts fonctionnaires, notamment en cas de départ volontaire.
  • Revoir les salaires, les bénéfices et les avantages sociaux des élus, des hauts fonctionnaires et des employés de l’État pour réduire les dépenses publiques.

Finances

Sur les dépenses :

  • Réduire le nombre de structures administratives (ministères, organismes, sociétés d’État).
  • Adopter des mesures de contrôle des dépenses plus performantes.

Sociétés d’État et organismes

  • Abolir certaines structures qualifiées de non essentielles dans le contexte budgétaire actuel, tout en préservant les services jugés comme étant prioritaires par les participants.
  • Remettre en question l’existence de certaines organisations au regard de dédoublements de services offerts tant par le gouvernement fédéral que par le gouvernement provincial, dont Revenu Québec.

Développement économique

Sur les subventions aux entreprises :

  • Revoir l’octroi des subventions aux entreprises en fonction des profits réels, notamment en introduisant des indicateurs permettant d’évaluer la performance de l’investissement.
  • Diminuer les structures administratives qui ont des missions communes.
  • Éliminer la lourdeur administrative pour faciliter le développement économique, notamment par la création d’entreprises.

Sur la création d’emplois :

  • Stimuler davantage la création d’emplois pour générer de nouveaux revenus à l’État.
  • Favoriser le retour au travail des personnes aptes:
    • miser sur leur formation;
    • utiliser des incitatifs favorisant le retour à l’emploi.

Culture

  • Éliminer les subventions aux festivals de la part des sociétés d’État.
  • Réviser l’octroi de subventions aux artistes, notamment pour favoriser les artistes émergents, et non les artistes reconnus.
  • Réduire ou même éliminer les subventions à l’industrie culturelle afin de privilégier les services considérés essentiels tels que l’éducation et la santé.
  • Reconnaître la culture comme véritable pilier de développement pour le Québec ici et à l’étranger.

La vox populi et ses limites

Ça vaut ce que ça vaut, ce type de consultation publique. Comme citoyen, nous avons rarement une idée précise de ce que peut représenter la mise en œuvre de nos propositions et les contradictions ne manquent pas. De plus, il y a danger qu’un  gouvernement se cache derrière ce genre de consultation pour affirmer haut et fort qu’il a l’appui de la population lorsqu’il s’agit de faire passer les réformes les plus controversées.

Il y a aussi les risques associés à la précipitation qui augmentent de façon exponentielle si la mise en œuvre des mesures se fait sans aucune vision. Un exemple flagrant; l’élimination des subventions aux festivals. Dans le chapitre sur la culture (ci-haut) une des propositions consiste à : éliminer les subventions aux festivals de la part des sociétés d’État. De proposition, celle-ci est passée au statut de mesure, lors de l’annonce mardi passé par le président du Conseil du trésor, M. Martin Coiteux, d’un train de mesures pour réduire les effectifs du gouvernement et revoir les structures de l’État. La mesure : « Le gouvernement demande également aux sociétés d’État de réduire leur budget de commandite et de publicité. Le gouvernement resserre les dépenses liées à ce poste budgétaire des sociétés d’État d’ici la fin de l’année au financement essentiel et jugé incontournable » va avoir un impact direct sur des événements/festivals partout au Québec . Sur quelles analyses repose cette mesure? Avec quelle vision? Les ministères du Tourisme et de la Culture ont-ils été consultés?

Quand le gouvernement s’engage, dans ce qu’il nomme un dialogue social, il ne doit pas oublier que celui-ci sous-entend qu’un véritable échange doit s’établir entre le gouvernement et la population. Donc, de l’écoute et une solide compréhension des attentes des Québécois, sinon le dialogue social passera rapidement à un dialogue de sourds. La même approche doit s’appliquer quand un secteur économique fait l’objet de certaines mesures. La rencontre stratégique organisée par l’Association québécoise de l’industrie touristique (AQIT), le 9 décembre prochain, me semble être une belle opportunité pour établir ce dialogue entre le ministère du Tourisme et l’industrie touristique.