Un article de Robert Dutrisac dans Le Devoir de ce week-end, « Le réformateur décomplexé » fait un retour sur certains écrits, de Martin Coiteux, nouveau président du Conseil du trésor. Si le passé est garant de l’avenir, l’industrie touristique devrait porter une attention particulière à des prises de position de Martin Coiteux, publiées dans La Presse de 2002 à 2012.
Robert Dutrisac rappelle que Martin Coiteux assimile la situation du Québec et du « modèle québécois » à celle des social-démocraties européennes en difficulté, comme l’Espagne. « Finalement, le modèle québécois n’est pas différent de celui des autres économies lourdement taxées et endettées. Il a un coût bien réel », écrit-il en janvier 2012. Sachant que Martin Coiteux, en plus d’être président du Conseil du trésor, a la responsabilité de la Révision permanente des programmes, cette appréciation du modèle québécois n’est pas anodine.
C’est, toujours selon l’auteur de l’article, une position très proche de la Coalition avenir Québec (CAQ) dont le renouvellement en tout ou en partie du modèle québécois est au cœur des engagements de François Legault. Modèle que le premier gouvernement Charest a tenté de réformer en 2003 avec la « réingénierie de l’État » qui a tôt fait de finir dans les oubliettes des engagements non tenus.
Modèle québécois ou modèle Drummond?
Selon Robert Dutrisac, le modèle que Martin Coiteux souhaite pour le Québec s’inspire de Don Drummond, qui a présidé la Commission de réforme des services publics de l’Ontario (2012). Le rapport recommandait un frein à la croissance des dépenses publiques d’ici 2017-2018. Ce qui de toute évidence n’a pas empêché l’Ontario de connaître une des pires situations financières de son histoire.
Avec la même logique que M. Drummond, Martin Coiteux proposait en février 2012 « […] le remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne suffira pas. Il faudra nécessairement réformer en profondeur la manière de livrer les services publics tout en réduisant l’enveloppe budgétaire destinée à ceux qui ne le sont pas ». Cela devrait en laisser plus d’un songeur. D’après vous où se situe le tourisme dans tout ça? Poser la question c’est y répondre.
Robert Dutrisac rappelle une autre recommandation du Rapport Drummond qui pourrait inspirer le responsable de la révision des programmes de l’État québécois. Celle-ci consiste selon Dutrisac « à faire table rase des programmes d’aide aux entreprises pour recommencer avec une enveloppe réduite axée sur la croissance et la productivité ».
Loin de la coupe aux lèvres
Bien sûr, il y a loin de la coupe aux lèvres, entre donner une opinion dans un quotidien à titre de professeur ou d’expert, et prendre des décisions à caractère économique, sous le regard des médias et des contribuables et où, les jeux politiques et de coulisses jouent un rôle déterminant. Toutefois, cela vous permet d’entrevoir le type de pensée qui animera Martin Coiteux lorsqu’il portera simultanément ses chapeaux de président du Conseil du trésor et de responsable de la révision des programmes.
Bien qu’il y ait un tronc commun, soit la fiscalité des entreprises des différents secteurs d’activités, espérons que les réflexions de Martin Coiteux ne l’amèneront pas dans des actions mur-à-mur au détriment des particularités de chacun des secteurs économiques du Québec et des entreprises qui les composent. Les entreprises touristiques qui sont, rappelons-le, réparties dans l’ensemble des régions touristiques, avec chacune leurs spécificités, pâtiraient de ce type d’approche.
Modèle d’affaires à renouveler
Collectivement, nous avons tous intérêt à réfléchir sur l’évolution de notre modèle d’affaires. C’est la seule et unique façon de ne pas s’en faire imposer un. Connaissez-vous une autre option?