Le Saint-Laurent: un enjeu économique et politique

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Pas à dire les trois principaux partis politiques du Québec se sont donnés le mot pour que le développement touristique du Saint-Laurent soit une priorité au Québec.  Pour le PLQ, il s’agit d’en faire une icône (PDIT 2012-2020), pour la CAQ, c’est un enjeu majeur de développement (Le Projet Saint-Laurent) de même pour le PQ qui a dévoilé, jeudi passé, la Stratégie de mise en valeur du Saint-Laurent touristique (2014-2020). Tandis qu’à Québec se déroulait le Forum de Québec sur les croisières internationales.

UN ENJEU ÉCONOMIQUE

Tous les partis de l’Assemblée nationale ont le regard tourné vers le développement économique du Saint-Laurent, même Option nationale (ON) et Québec solidaire (QC). C’est justement ce niveau d’attention qui doit attirer notre… attention. Beaucoup d’actions sont à prévoir, développement de la vallée de l’innovation, exploration pétrolière avec son potentiel d’exploitation, moratoire sur les gaz de schiste. Ajoutons à cela que tous les partis affirment avoir à cœur la protection de l’environnement. Il s’agit d’un défi de taille que de réussir à concilier tout ça avec le développement touristique du Saint-Laurent. 

Il est indéniable que le développement économique du Saint-Laurent est rendu à un carrefour où des choix complexes devront être faits. C’est pour cette raison que lors de la campagne électorale, chaque parti devrait expliquer comment il entend respecter l’équilibre entre le développement touristique du Saint-Laurent, celui de ses  ressources naturelles et la protection de l’environnement, et ce sans oublier tous les autres secteurs d’activités économiques. 

ET POLITIQUE

Derrière les enjeux de l’environnement et du développement économique du Saint-Laurent se profilent des intérêts et des stratégies hautement politiques. Seize régions touristiques sur 22 sont sur les rives du Saint-Laurent et ses affluents. Comme d’ailleurs, la majorité des 125 circonscriptions électorales et par ricochet la majorité des électeurs. Sachant que les élections se gagnent en région au Québec, cela explique en partie l’intérêt des partis pour le Saint-Laurent. 

Donc, il s’agit d’un enjeu économique, politique et stratégique que nous avons tous intérêt à suivre de près. 

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UNE STRATÉGIE POUR LE SAINT-LAURENT

Lancée la semaine dernière par le ministre délégué au Tourisme M. Pascal Bérubé, la Stratégie de mise en valeur du Saint-Laurent touristique 2014-2020 est du bon ouvrage. On y mentionne un cadre financier de 77,3 M$ qui dépendra toutefois des résultats des élections prévues au cours du mois d’avril. Mais au-delà de cette épée Damoclès qui nous pend au-dessus de la tête, force est de constater que l’élaboration de cette stratégie est le résultat d’une  étroite collaboration et concertation entre de nombreux acteurs touristiques, prémisses de base à une gouvernance efficace. 

Ce n’est pas la première fois que ce type de collaboration se concrétise par un rapport de cette qualité. Le Forum de l’industrie touristique de 2004, le Plan de développement de l’industrie touristique de 2012-2020 (PDIT) en sont des exemples éloquents. Ce qui semble distinguer ce rapport des autres est l’impression d’une plus grande maturité dans la réflexion entourant ce type de projet. 

Le Saint-Laurent touristique: 1052 attraits et activités

Si vous vous intéressez un tant soit peu au développement touristique du Saint-Laurent, la lecture de la stratégie vous permettra de remettre à jour vos connaissances sur de nombreux enjeux et défis qui touchent notre industrie. 

La stratégie fait une analyse, quoiqu’un peu complaisante, mais relativement complète, des forces, des faiblesses,  des opportunités et des menaces en présence, qui mérite une lecture attentive. Cette analyse est précédée d’une autre, tout aussi intéressante sur les tendances, la demande et la concurrence. Un inventaire de l’offre touristique du Saint-Laurent détermine 1052 attraits et activités, réparties dans cinq zones géographiques, gravitant autour du produit/expérience du Saint-Laurent. 

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Enfin, un plan d’action qui priorise

La stratégie inclut le plan d’action pour les années 2014-2017 qui priorise des produits et des pôles (10) de développement. Les pôles ont été déterminés « Dans le respect du principe d’efficacité économique, et afin de maximiser l’effet des investissements consentis, les projets seront prioritairement réalisés dans les pôles ou à proximité de ceux-ci ». Voilà qui est rassurant. Nul doute toutefois que la pression sera très forte sur les élus et Tourisme Québec pour élargir cet aspect de la stratégie. 

Ce qui est aussi intéressant, c’est que le plan d’action, en plus de mettre l’emphase sur les produits vedettes à court terme dont les croisières internationales, fait une distinction entre les croisières fluviales qui sont en fortes expansions à travers le monde et les croisières « maritimes » qui font référence aux conditions de navigation dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. 

La longueur du Saint-Laurent (1 800 km), la diversité de son offre maritime et terrestre ont fait l’objet d’une attention particulière et sont résumées dans l’objectif de « Relier entre eux les pôles Saint-Laurent (10) par les circuits terrestres et maritimes ». En ce qui a trait aux circuits et routes sur la terre ferme, c’est un incontournable alors que plus de 90% de notre clientèle touristique se déplace en automobile et que l’offre touristique sur les berges du Saint-Laurent est riche et diversifiée. Quoique souvent dispersée, conséquence de l’immensité du territoire. 

Là où le bât blesse 

Étant donné la complexité et l’envergure que peut prendre une stratégie marketing pour ce type de projet, le document n’en fait qu’un survol. Les marchés prioritaires et les produits s’y rattachant sont identifiés, ainsi que  certaines actions, nécessitant une concertation entre les acteurs, pour la forfaitisation. 

Les conditions de réalisations et le cadre financier sont aussi sommairement exposés. Dans ces deux cas, tout en ne tombant pas dans l’excès pour ce type de document, ceux-ci auraient mérité plus de précisions. Le cadre financier aurait dû être plus détaillé avec une ventilation par grands postes de dépenses et un échéancier. La contribution des autres programmes aurait aussi pu être plus explicite. 

Le texte sur les conditions de réalisations est bien mince par rapport à l’importance que celles-ci occupent dans la réalisation d’un projet aussi complexe avec un grand nombre d’acteurs touristiques. La qualité du rapport sur la Stratégie de mise en valeur du Saint-Laurent touristique démontre  qu’au Québec nous avons atteint un très bon niveau d’expertise dans la concertation et la collaboration pour l’élaboration de stratégies. Notre défi consiste maintenant à améliorer la coordination dans la mise en œuvre des stratégies  pour l’atteinte de nos objectifs.

Une suggestion

Il serait opportun que nous ayons une réflexion collective sur la possibilité d’inclure dans les stratégies, qu’elle soit nationale, régionale, locale ou municipale, un chapitre qui porterait sur la coordination des acteurs. Les: Qui fait quoi?  Pourquoi? Comment? Et quand? Devraient toujours être abordé dans un souci d’efficacité.