Aide-mémoire pour un nouveau ministre

Dans quelques heures nous connaîtrons le ou la ministre en titre ou délégué(e)  qui aura comme responsabilité le tourisme. Une industrie de 12,4 milliards de recettes qui représente plus de 10% de l’emploi québécois réparti aux quatre coins du Québec. Toute une commande! Voici un survol non exhaustif des enjeux que les lecteurs de TourismExpress ont identifiés comme étant prioritaires au cours des derniers mois.

AIDE-MÉMOIRE 

L’accès au financement

Ce n’est pas les programmes qui manquent à Tourisme Québec, que ce soit au nord ou au sud du 49e parallèle. Pour les attraits, les événements, les PME, l’hébergement, les projets touristiques, etc. Et pourtant à chaque fois que nous posons la question aux promoteurs de projets, les difficultés pour l’accès au financement sont toujours en tête de liste. Pour un gouvernement qui mise sur le développement économique, ce type de défi devrait être au cœur des priorités du nouveau ministre. 

Le Plan de développement de l’industrie touristique (PDIT 2012-2020)

Le PDIT fait toujours consensus au sein de l’industrie touristique et l’accélération de son déploiement est de plus considérée comme une priorité par l’AQIT (10 avril 2014). Les deux stratégies qui ont été à ce jour dévoilées,  par le Parti Québécois dans le cadre du PDIT, soit le tourisme hivernal et le Saint-Laurent touristique devront aussi faire partie des travaux à poursuivre. Dans le cas de la Stratégie sur la mise en valeur du Saint-Laurent touristique, celle-ci devrait facilement s’intégrer dans la Stratégie maritime du gouvernement libéral. De plus, l’opposition officielle qu’est le Parti Québécois et la deuxième opposition qu’est la CAQ devraient toutes les deux faciliter la tâche du gouvernement, car après tout, le Saint-Laurent se trouvait au cœur de leur stratégie respective de développement.  Voilà un test pour nos politiciens, afin qu’ils démontrent leur réelle volonté de faire de la politique autrement. 

La gouvernance

Il s’agit de deux niveaux de gouvernance, celle au sein de l’industrie et celle de Tourisme Québec.

  1. Depuis plus d’une année, j’ai écrit de nombreux articles sur la nécessité de revoir le modèle de gouvernance de l’industrie touristique du Québec : nombre de structures, nécessité de clarifier les rôles de tout un chacun dans une industrie en constance évolution, etc. Le nouveau titulaire du tourisme devrait amorcer une sérieuse réflexion et prendre le leadership de cet enjeu avant d’y être contraint par l’état délicat des finances publiques, par la concurrence de plus en plus vive des autres destinations ou encore par l’évolution fulgurante des technologies de l’information (e-tourisme, etc.). 

  2. La gouvernance au sein de Tourisme Québec mériterait aussi l’attention du ministre. Par exemple :

    • Les communications au sein même de TQ devraient être améliorées pour le bénéfice de tous, fonctionnaires comme clientèles. De plus, les communications de Tourisme Québec avec ses clientèles et partenaires sont déficientes depuis des lustres. Il serait important que TQ ouvre les valves et communique avec plus de transparence (allez lire pour le fun le rapport de gestion de TQ), plus d’informations, le tout plus rapidement auprès de tous les acteurs de l’industrie. Les outils sont là, site web, bulletins d’information de même que les Assises du Tourisme qui pourraient être misent d’avantage à contribution.

    • La dernière stratégie marketing de TQ date de 2009-2010, soit 5 années. Pourtant TQ mentionne dans sa dernière stratégie que celle-ci est une référence pour toute l’industrie touristique et permet de favoriser les partenariats promotionnels. Comment cela se fait-il qu’une organisation dont l’un des principaux mandats est la promotion du Québec n’a pas un outil aussi essentiel pour rallier ses partenaires, ainsi que tous les acteurs de l’industrie, autour d’une vision commune pour l’atteinte d’objectifs tout aussi communs que mesurables? 

L’e-tourisme

J’inviterais le nouveau ministre à lire les nombreux articles de Frédéric Gonzalo, Michelle Blanc, le Réseau de veille et à interroger les fonctionnaires de TQ, elle ou il sera en mesure de constater que l’e-tourisme doit être considéré comme étant un enjeu essentiel pour le développement de notre industrie. Ajoutons à cela les OTA (Agence de voyages en ligne), les mégas systèmes de réservation  avec les booking.com, les AIRBNB de ce monde, etc. En passant le/la titulaire du portefeuille du tourisme devra aussi porter une attention particulière à ce qui se passe dans sa cour, avec BonjourQuébec.com. 

L’hébergement illégal

Un dossier complexe, dont la source du problème est multiple. L’association Hôtellerie Québec (AHQ) a ailleurs fait 7 recommandations au ministre Pascal Bérubé afin de contrer cette problématique. Pour se mettre au parfum du dossier, le/la futur(e) ministre devrait rencontrer le Comité de réflexion sur l’hébergement illégal. 

L’emploi saisonnier

La réforme du régime d’assurance-emploi du gouvernement Harper à l’égard de l’emploi saisonnier va avoir un impact sur l’industrie touristique du Québec. Pour le gouvernement de M. Couillard, l’emploi étant une priorité,  voilà donc un autre dossier qui devrait avoir un solide appui de sa part afin de faire fléchir le gouvernement conservateur. 

Les engagements électoraux

Le/la ministre devra mettre en œuvre les engagements du PLQ lors de la campagne électorale, dont la Stratégie maritime ainsi que ceux relatifs aux PME, dont la nomination d’un ministre délégué pour celles-ci et enfin la mise en place du guichet et du dossier unique pour les entrepreneurs. 

Pour conclure

Aujourd’hui vers 14h00 nous connaîtrons l’identité du député(e) qui prendra les commandes de TQ. Sachant qu’un nouveau gouvernement tente de réaliser ses principaux engagements politiques et d’aller de l’avant dans les dossiers les plus délicats au cours des 18 premiers mois de son mandat, nous avons tous intérêt à nous assurer que le ou la ministre du tourisme soit bien au fait des priorités de l’industrie. Donc, n’hésitez pas à les faire connaître!