Le 5 novembre dernier, le gouvernement annonçait une nouvelle entente sur la gouvernance régionale et un pacte fiscal transitoire avec les municipalités, une économie de 300 M$ pour le gouvernement.
Le palier municipal et celui du supra local (MRC) marquent des points alors que le palier régional (CRÉ) et local (CLD) viennent de prendre une débarque. Après 16 ans d’opération, le sort des 120 CLD est désormais entre les mains des municipalités qui héritent d’un budget amputé de 40 M$ sur 72 M$. Tandis que les 19 CRÉ disparaissent du paysage des acteurs régionaux après 10 ans d’existence et leurs responsabilités sont transférées aux MRC.
Les MRC au cœur du développement régional
Les 87 MRC (à celles-ci s’ajoutent 14 villes et agglomérations ayant des compétences des MRC) prennent du galon, après 35 ans de service, dans le nouveau modèle de « gouvernance régionale de proximité » que le gouvernement souhaite implanter.
L’entente propose une révision de la structure de gouvernance en matière de développement économique et régional, en donnant des leviers supplémentaires aux MRC pour en faire les principaux interlocuteurs du gouvernement en région. Cela inclut, si la MRC le souhaite, de récupérer les mandats du développement économique local et celui au soutien à l’entrepreneuriat, jusqu’à ce jour sous la responsabilité des CLD.
Il faudra être attentif sur l’impact de ce chamboulement de gouvernance en faveur du palier supra local qu’occupe les MRC sur l’accompagnement des entreprises et sur la dynamique régionale des 17 régions administratives et des 22 régions touristiques.
Ajoutons à cela, la demande de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) pour une gouvernance de proximité – qui inclut plus de pouvoir en matière de développement touristique – et qui semble avoir la faveur du premier ministre, Philippe Couillard et celles du ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau.
Confusion au sein de l’industrie
Il est reconnu, par une très forte majorité d’acteurs touristiques, que la gouvernance au sein de l’industrie touristique est trop complexe et trop lourde. D’un côté la ministre Dominique Vien nous invite tous à contribuer à une révision du modèle d’affaires de l’industrie touristique et de sa gouvernance et, de l’autre le gouvernement chambarde des pans entiers de la gouvernance régionale.
Entendons-nous bien, je suis convaincu que le modèle d’intervention et d’accompagnement de l’État, et ce dans tous les secteurs d’activités économiques, doit être revu et améliorer. Mais de quelle manière seront intégrées, dans la réflexion de la ministre, les dernières annonces du gouvernement? Actuellement, on joue dans les structures, et je pèse mes mots, alors que les structures ne sont qu’accessoires aux buts recherchés pour rendre une industrie plus efficace.
De plus, alors que les rôles et responsabilités (nous voilà au cœur du modèle d’affaires) au sein de l’industrie touristique méritent, depuis belle lurette, d’être précisés et clarifiés, les chambardements opérés au sein de la gouvernance régionale ne font qu’ajouter à la confusion étant donné que nous ne saisissons pas où veut en venir le gouvernement.
Quand l’incertitude règne
La démarche de la ministre pour revoir nos manières de faire en tourisme contribue à semer l’incertitude au sein de l’industrie. Incertitude qui est aussi alimentée par l’ensemble des démarches de son gouvernement. En matière de révision de gouvernance, il y a une règle d’or qui doit être respecté; la transparence. Quelle est précisément la « stratégie », l’échéancier ou si vous voulez le plan de match de la ministre pour revoir la gouvernance?
Indéniablement, les principaux acteurs sont consultés, de même que nous tous via une adresse de courriel dédiée, qui si je ne me trompe pas consiste en une des rares initiatives mises en place pour consulter tous les joueurs d’une industrie. Il est quand même souhaitable que la ministre Dominique Vien explique en détail, sa manière à elle et à son ministère de faire les choses, dans le but de diminuer le niveau d’incertitude au sein de l’industrie.
Mise à jour économique et pertes d’emplois
Le 2 décembre prochain aura lieu une mise à jour économique et financière du ministre des Finances, Carlos Leitão qui selon toute vraisemblance prendra la forme d’un mini-budget. La situation de l’emploi et les premières conclusions de la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise seront sûrement à l’ordre du jour. Pour la Commission sur la fiscalité le temps presse, si le gouvernement désire mettre en application dès le 1er janvier des mesures fiscales qui toucheront les citoyens comme les entreprises.
Depuis, le 7 avril 2014, jour des dernières élections, il y a eu 82 000 emplois à temps plein de perdus au Québec, tous secteurs confondus. Qu’en est-il exactement en tourisme? L’industrie représentait 345 000 emplois directs et reliés en 2012, soit 8,7% de l’emploi québécois selon ISQ.
Nous savons tous que l’on ne peut pas faire, sans se permettre quelques raccourcis, une extrapolation pour tenter de chiffrer les pertes d’emplois dans l’industrie touristique à partir de cette donnée. Mais si l’exercice peut permettre au gouvernement d’approfondir sa réflexion sur l’industrie, celui-ci a sa place.
Après un simple calcul, on arriverait à près de 7 100 emplois perdus dans l’industrie touristique. L’incertitude que vous dites!