Constat des lieux
Le 24 avril dernier, le gouvernement du Québec présentait le projet de loi (P.L. 36) créant la Banque de développement économique du Québec (BDEQ). Par cette annonce, le gouvernement de Mme Marois respectait un engagement de leur plate-forme électorale (voir mon article sur quelle place occupe le tourisme dans la campagne électorale?).
L’article 2 du projet de loi porte sur la mission de la BDEQ et mentionne que celle-ci est de «soutenir, notamment par des interventions financières, le développement économique du Québec dans toutes ses régions, conformément à la politique économique du Québec». Ainsi selon la ministre responsable de la BDEQ, Mme Élaine Zakaïd «chaque région du Québec pourra définir sa propre stratégie de développement, qui tiendra compte de ses enjeux et de ses atouts».
L’article 3 mentionne la création d’un «guichet unifié» qui offrirait un «service-conseil d’accompagnement» aux entreprises. Ce service inclurait «également la coordination des interventions des ministères et organismes à l’égard de tout projet que le gouvernement considère stratégique». Plus loin il est spécifié (art. 9) que «La banque et les centres locaux de développement (CLD) harmonisent leurs interventions». Et enfin l’article 29 porte sur la constitution de la société «Développement économique Québec» (DEQ). L’article 147, mentionne qu’Investissement Québec va «continuer son existence dans Développement économique Québec».
Ouf! C’est peut-être aride à lire, mais extrêmement intéressant au niveau des changements que cela aura sur la dynamique locale et régionale en ce qui a trait aux interventions financières de l’État et de son mandataire, la BDEQ.
Le dépôt du P.L. 36 vient donc confirmer la volonté du gouvernement Marois d’élargir le mandat des CLD pour en faire les portes d’entrée de la BDEQ.
Et ce n’est pas tout
Ajoutons à cela la décision du gouvernement d’exiger plus de transparence de la part des Conférences régionales des élus (CRÉ) dans leur reddition de compte. Les CRÉ créer en 2004 par le gouvernement libéral, ne sont pas au bout de leurs peines, car le gouvernement a laissé de côté celles-ci dans son projet de loi 36 sur la BDEQ qui préfère utiliser les CLD comme intermédiaire.
Une petite parenthèse s’impose à propos des CRÉ. Depuis la création de celles-ci j’ai toujours eu l’impression que leurs arrivées étaient un prélude à un autre palier gouvernemental soit le régional, s’ajoutant ainsi au palier municipal, provincial et fédéral. Il s’agissait ensuite de faire un petit tour de passe-passe pour donner aux CRÉ le pouvoir de taxation des commissions scolaires, tombées en disgrâce et mettre en place un système électoral au niveau régional et nous voilà avec un palier gouvernemental. On jase là!
Comment arrimer tout ça maintenant?
J’ai bien hâte de participer aux Assises de l’industrie touristique à Gatineau le mardi 14 mai. L’investissement en tourisme et le produit seront au cœur des discussions. J’espère mieux saisir comment s’arrimeront tous ces joueurs. Tourisme Québec, Investissement Québec, l’association des CLD du Québec seront tous présents, ils vont peut-être nous éclairer un peu plus. La question se pose comment mettre tout cela en place tout en allégeant le travail de tous les partenaires régionaux et locaux et surtout celui des entrepreneurs?
La suite des choses
Dans mon prochain article, je vais aborder la dynamique d’affaires entre les différents joueurs de l’industrie touristique que plusieurs d’entre nous appellent gouvernance. Y a-t-il trop d’acteurs touristiques au Québec? Oui diront certains! Ce n’est pas aussi simple que ça.
À suivre!
Bonjour Louis,
Tu abordes des sujets qui m’intéressent. Que ce soit dans un CLD, à titre d’employé de la Fondation de l’entrepreneurship (mentorat) ou dans la mise en place et l’animation de tables de synergie régionales (Groupement des chefs d’entreprise), où durant ma thèse de maîtrise sur l’accompagnement des entrepreneurs, notamment avec la chaire de recherche en entrepreneuriat de l’université Laval, j’ai appris que les solutions simples et qu’on comprend facilement, sont souvent les plus efficaces.
Espérons que la mise en place des structures BDQ n’alourdirons pas les processus d’accompagnement, mais davantage les simplifier le traitement des demandes. On risque d’en parler encore longtemps. Les études ont démontré que les entrepreneurs n’aiment les processus complexes, mais préfères un échange direct avec une personne crédibles et capables de donner des réponses.
Intéressant ton commentaire Luc, la simplicité a bien meilleur goût, comme on dit, mais le problème c’est que pour y arriver ce n’est pas simple. Une manière pour qu’un modèle de gouvernance soit efficient, consisterait peut-être à avoir des objectifs clairs à atteindre. C’est à partir des objectifs qu’on se donne qu’il faut choisir les outils et les moyens pour les atteindre se qui modèle notre gouvernance.
Salut Louis,
Il est évident que les organismes liés au tourisme n’évoluent pas aussi vite que la clientèle touristique. Ayant été conseiller municipal pendant 8 ans et ayant siégé sur la table du créneau accord pendant 3 ans, je dois dire que la dimension politique joue un rôle important tout en étant un obstacle à l’efficacité. Je suis convaincu que les jours achèvent pour les ATR du Québec. Les CLD prendront la relève avec un transfert de fonds issue des ATR. Cette décision sera très rentable politiquement dans les MRC. Cependant, les associations sectorielles prendront de l’ampleur. Je suis maintenant sur celle de ASSQ, l’AMQ et de Camping Québec et je dois dire que ça brasse pas mal plus !
Au plaisir de se revoir Louis !
!
Salut Louis,
Il est évident que les organismes liés au tourisme n’évoluent pas aussi vite que la clientèle touristique. Ayant été conseiller municipal pendant 8 ans et ayant siégé sur la table du créneau accord pendant 3 ans, je dois dire que la dimension politique joue un rôle important tout en étant un obstacle à l’efficacité. Je suis convaincu que les jours achèvent pour les ATR du Québec. Les CLD prendront la relève avec un transfert de fonds issue des ATR. Cette décision sera très rentable politiquement dans les MRC. Cependant, les associations sectorielles prendront de l’ampleur. Je suis maintenant sur celle de ASSQ, l’AMQ et de Camping Québec et je dois dire que ça brasse pas mal plus !
Au plaisir de se revoir Louis !
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Jérôme,
Je suis d’accord avec tes deux premières affirmations voulant que la gouvernance touristique n’évolue pas au même rythme que la clientèle touristique. De même, que le politique prend parfois trop de place. Il est évident que dans le modèle d’un état interventionniste comme au Québec, modèle dont nous nous sommes depuis les années 60, qu’il est essentiel de s’assurer que les interventions à caractère politique occupent une juste place dans le processus de décision, mais sans plus. Pour le reste, je te souligne que la structure même des CLD et des MRC font qu’ils sont encore plus politiques que les ATR et les ATS par exemple. En ce qui a trait à l’hypothèse que les ATR vont disparaître, c’est une hypothèse qu’il faudrait que t’étayes en développant plus ton argumentaire. Le réseau des ATR existe depuis plus de trente années, et si je saisis bien la teneur de ton texte, tu ne crois pas qu’il va réussir à s’adapter aux défis de demain, du moins comme les ATS. Sur ce point, je te dirais, pour avoir été DG d’une ATR et DG du réseau des ATR, que le réseau est en perpétuelle évolution. Certes, pour moi le réseau devrait évoluer plus vite, mais le réseau regroupe 22 régions touristiques qui ont chacune leurs particularités, ce qui rend l’évolution du réseau fort complexe. Toutefois, c’est aussi la reconnaissance de ces particularités régionales qui fait la force du réseau des ATR. Je retiens ton hypothèse dans ma réflexion sur la gouvernance et je t’invite à t’abonner (si ce n’est pas déjà fait) à mon blogue, car mon article sur la gouvernance régionale va être suivi par une série de textes qui va plonger au cœur du modèle de gouvernance de l’industrie touristique. À bientôt!
Selon moi, les ATR ont répondu aux besoins de l’époque. La famille partait 2 semaines à la Tuque ou en Gaspésie et tout le monde était heureux. Est-ce que les voyageurs se préoccupent vraiment des limites territoriales des ATR ? Je ne crois pas. Depuis plus de 10 ans, une proportion grandissante de voyageurs déterminent leur itinéraire selon diverses formes de tourisme. Avec les boomers en vacances perpétuelles, ils parcourent le monde selon leurs passions et\ou leurs activités préfères.
Par leurs missions, les ATR ont été condamnées à se concurrencer entre elles par des campagnes coûteuses et généralistes. Je crois que cette situation explique, en partie, la stagnation de l’achalandage touristique en périphérie de Montréal et Québec. Avec les réseaux sociaux et les nouveaux médias, l’argent versé annuellement aux ATR devrait être consacré à la diversification et à l’amélioration de l’offre. Avec un produit de qualité, une activité qui se démarque ou par une initiative originale, la promotion se fait d’elle même.
Enfin, comme producteurs touristiques, nous pourrons faire une promotion hyper ciblée, efficace et peu couteuse. Il ne s’agit maintenant, que d’identifier le bon réseau et d’y annoncer notre produit. Nous sommes qu’au début des réseaux sociaux et le Québec est sérieusement en retard.
À la prochaine !