Depuis quelques jours les Québécois sont invités par le gouvernement à s’exprimer sur le site de la Commission permanente de la révision des programmes afin de faire des propositions « pour réduire, de façon durable, les dépenses publiques en fonction des priorités d’aujourd’hui ». Tout est mis sur la table ; les dépenses publiques, la pertinence des programmes et des organismes, etc.
Ci-dessous mon commentaire publié sur le site de la Commission
Le modèle québécois
Hérité de la Révolution tranquille, le modèle québécois a contribué à façonner notre société. Une société distincte, entre autres, par sa langue, sa culture et par son mode d’intervention de l’État. Toutefois, j’ai l’impression que du modèle développé de façon proactive avec la Révolution tranquille, nous sommes passés à un développement en réaction aux enjeux du moment, à coups de nouveaux programmes économiques et sociaux. Alourdissant celui-ci, tout en donnant l’impression que l’État pouvait et devait tout réglez ; un État providence.
Sa gouvernance
La gouvernance c’est un outil, un moyen, pour livrer des services de qualité à des coûts abordables, de façon efficace et transparente aux citoyens et aux entreprises.
La gouvernance est directement liée au modèle québécois. Un modèle de gouvernance, qui est devenu trop lourd, pas assez flexible et qui me semble de moins en moins adapté à nos besoins d’aujourd’hui et à ceux de demain.
Il y a près de 300 ministères, sociétés d’État et organismes de toutes sortes qui interviennent dans tous les secteurs de la société ; économie, social, culturel, environnemental, etc. Il est indéniable que le nombre d’acteurs, de paliers et de champs d’interventions rendent les choses d’une telle complexité qu’ils rebutent à tous les gouvernements élus des dernières décennies de tenter d’améliorer les choses.
Ajoutons à cela, la complexité des relations entre chacun de ces acteurs. La majorité de ceux-ci ont des champs d’interventions inter reliés. Il y a aussi un manque flagrant de clarté dans la définition des rôles et responsabilités de tout un chacun. Sans oublier qu’une part importante des coûts engendrés par ce système est due aux nombreux dédoublements avec le niveau fédéral. Tout est en place pour effrayer plus d’un gouvernement devant l’ampleur de la tâche.
Un exemple parmi tant d’autres
Le modèle québécois et sa gouvernance ont fait l’objet de nombreux ouvrages, en voici un qui expose un exemple de gouvernance qui pose problème au Québec et qui découle directement du modèle québécois.
Dans le deuxième fascicule « Le Québec face à ses défis » (janvier 2010), produit par le comité consultatif sur l’économie et les finances publiques, sous la gouverne de Raymond Bachand, les économistes Pierre Fortin, Robert Gagné, Luc Godbout et Claude Montmarquette, est mis en évidence une particularité du Québec dans le secteur de la santé.
« Les structures de gestion de notre système de santé se caractérisent par la forte concentration du processus de décision, ce qui rejaillit à tous les niveaux sur le processus de gestion.
Le système de santé québécois juxtapose une structure centrale importante et une structure régionale elle-même fort développée. Cette double structure a un coût direct non négligeable. Elle a surtout un impact sur le fonctionnement du système, qu’elle alourdit de façon significative. De façon générale, les pays de l’OCDE ont opté pour un ministère fort et des structures régionales légères, ou à l’inverse pour un ministère léger et une structure régionale plus élaborée. Le Québec fait les deux. »
Le même constat peut aussi s’appliquer au secteur de l’éducation (ministère et commissions scolaires) et à d’autres secteurs d’activités.
Faire de la politique autrement
Il est évident que la population désire que la politique se fasse autrement. Une réflexion sur le modèle québécois, que nous soyons de droite, au centre ou de gauche, francophone, anglo ou allophone, souverainiste ou fédéraliste, permettrait de sortir du cadre politique traditionnel en étant inclusive.
L’analyse objective du modèle Québécois, pourrait être présenté comme une opportunité de mieux outiller le gouvernement et le Québec pour faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain :
• L’impact des changements démographique;
• Les dédoublements des rôles et responsabilités des acteurs au Québec, de même qu’entre le provincial et le fédéral;
• La concurrence entre les états;
• La mondialisation des échanges (bâtir et protéger nos acquis économiques et culturels);
• Le développement durable;
• Prendre nos responsabilités à l’égard de l’état des finances publiques pour les générations futures.
Le tout en préservant nos acquis comme étant une société parmi les plus égalitaires des pays de l’OCDE. Il faut freiner l’écart grandissant entre les plus pauvres et les plus riches. Le phénomène atteint un niveau des plus inquiétants aux États-Unis de même qu’au Canada, mais dans une moindre mesure au Québec. Il est essentiel d’y apporter une attention de tous les instants. Il faut mettre en évidence ce qui nous distingue, et le modèle Québécois en fait partie.
Piste d’action
Faire une réflexion collective sur le modèle québécois pour le remettre aux diapasons des réels besoins de la population, qui est propriétaire de l’État, en fonction des capacités de ce même État à répondre à ces besoins.