La Commission de révision permanente des programmes a présenté son premier rapport dimanche dernier. Depuis son dépôt, les critiques fusent de toutes parts. Les appuis pour les huit recommandations sont, dans le meilleur des cas, tout en nuance.
Mais, à la défense de l’équipe de Mme Robillard, il faut reconnaître qu’entre le moment de la création de la Commission, le 11 juin et le dépôt de ce rapport le 20 novembre, il n’y a que cinq mois qui se sont écoulés, pour un mandat de cette envergure, c’est bien peu de temps. Comme quoi la vitesse et la précipitation tuent.
D’ailleurs, toute cette révision du modèle québécois manque définitivement de vision. La poursuite de l’équilibre budgétaire et la réduction de la taille de l’État ne sont pas une vision, mais bien un objectif. Sans une vision du Québec de demain, partagée par tous, et d’un processus clair pour y arriver, il y a un sérieux danger de dérapages.
Quoi retenir du rapport
Bien que ce premier rapport ne touche pas directement à l’industrie touristique, il y a quelques éléments de celui-ci qui méritent notre attention.
Les programmes :
Il a été demandé à chaque ministère de proposer une première série de programmes, d’organismes ou de structures que la Commission pourrait rapidement examiner. Note : Les organismes et les structures n’ont pas fait l’objet de ce premier rapport.
Voici quelques-uns des constats préliminaires sur les programmes analysés :
- Il existe peu d’analyses systématiques de la part des ministères concernant l’efficacité et l’efficience d’un programme donné.
- Les paramètres des programmes ne sont pas révisés annuellement, ce qui conduit au maintien de nombreuses déficiences.
- La commission note en particulier la quasi-absence d’analyses interministérielles des programmes et l’insuffisance de la vision stratégique.
- La commission constate que la qualité et la capacité d’analyse des programmes existants sont très variables d’un ministère à l’autre.
J’ai besoin qu’on m’éclaire. Si les analyses des ministères sur leurs programmes sont déficientes, comment ces mêmes ministères peuvent-ils faire des recommandations sur leurs programmes? Sinon de recommander qu’un processus d’analyse systématique soit mis en place pour l’avenir et que, pour l’instant, devant le doute, on mette tout sur la table. Espérons que si c’est le cas, que cela se fera avec une vision, que les analyses seront objectives et que l’on ne jettera pas le bébé avec l’eau du bain pour les programmes qui méritent d’être conservés.
De plus, dans une industrie comme le tourisme, où, plus d’une dizaine de ministères interviennent directement ou indirectement, la « quasi-absence d’analyses interministérielles des programmes et l’insuffisance de la vision stratégique » ont de quoi inquiéter.
Des modalités inutilement complexes :
- Le rapport souligne « que des modalités spécifiques ont été mises en place dans de nombreux programmes, afin d’apporter une réponse à des problématiques particulières. Ces modalités se sont accumulées au fil du temps, complexifiant inutilement les programmes.
- À ces modalités se sont ajoutées des règles budgétaires, elles aussi de plus en plus complexes, dans le but de s’assurer que les programmes étaient bien administrés. En fait, ces règles correspondent plutôt à du micromanagement.
- Au total, ces modalités sont inutilement complexes, et elles ne facilitent pas la bonne gestion ».
À cela, on peut ajouter que cette complexité rend les relations inutilement difficiles entre les ministères, leurs partenaires et les entreprises qui s’adressent à eux. Ce constat est en diapason avec les critiques des entreprises touristiques à l’égard du ministère du Tourisme et de la majorité des organismes qui gravitent au sein de l’industrie.
Vers un deuxième rapport
Dès le mois de juin, la Commission a communiqué avec chacun des ministères afin de préparer des rencontres de travail pour procéder à une révision des programmes existants dans l’ensemble de leur portefeuille. Il semblerait que le ministère du Tourisme a été rencontré à la mi-novembre, ce qui laisse présager que les recommandations relatives au ministère du Tourisme feraient partie du 2e rapport de la Commission de révision permanente des programmes, soit vers le mois de janvier, selon les rumeurs qui circulent.
À suivre!
Source : Le rapport de la Commission de révision permanente des programmes
Bonjour Louis,
Difficile de croire que certaines de ces recommandations seront un jour appliquées. J’ai bien l’impression que la majorité de ce rapport finira sur une tablette en raison des changements drastiques qu’il désire apporter à toute la machine gouvernementale.
De plus, c’est d’autant plus difficile lorsque le constat d’un manque de vision stratégique est décelé de la part même des personnes qui se doivent d’être les acteurs de ces réformes.
Il faudrait certainement y aller petit bout, par petit bout. J’imagine que nous pourrons constater la transformation de l’état plus on avance dans le mandat des libéraux. Pour l’instant, je crois ne pas être le seul à avoir ras-le-bol des annonces de coupures et de diminution des services. Il n’y a jamais de bonnes nouvelles dans ce domaine. Si au moins on pouvait équilibrer le tout avec une bonne mesure ici et là pour le tourisme…! (je rêve)
Gabriel V.
Gabriel,
Toujours aussi pertinent tes commentaires.
Le contenu du rapport nous permet de saisir un peu mieux la pensée du gouvernement. C’est comme un filigrane qui se précise au fur et à mesure que le gouvernement fait des annonces. J’ai comme l’impression que nous avons des pièces de puzzle devant nous, la plupart des pièces sont connues, c’est le puzzle complété qui reste un mystère. Quand je lis un rapport comme celui de Mme Robillard, j’ai l’impression que p’tit à p’tit le brouillard se dissipe. Et pour l’instant je n’y vois rien de bien rassurant.
Je crois qu’il faut revoir le modèle québécois, comme il faut revoir le modèle d’affaires de l’industrie, mais pour l’instant le cheminement tortueux que le MTO prend pour y arriver ne m’inspire pas confiance. Et si le processus (cheminement) est mal amené, la conclusion sera d’autant plus bâclée et la mise en œuvre de celle-ci sera à l’avenant.
Je crois aussi qu’une révision du modèle s’impose (québécois + industrie touristique).
Je pense parler pour moi-même uniquement en disant que je ne suis pas aussi attaché aux modèles qui prévalent actuellement. Probablement parce que je ne suis pas de la génération qui les a vu naître et évoluer!
J’ai hâte de voir la suite!
Tu as raison Gabriel. Pour moi les modèles, structures, etc. sont des outils pour nous permettre d’atteindre nos objectifs comme société (service à la population, société humaine, etc.) et comme industrie (qualité du produit, achalandage, etc.). Il ne faut pas avoir peur de nous remettre en question, mais il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l’eau du bain. Conservons-nous acquis et améliorons ce qui doit l’être, parfois cela ne demande que quelques ajustements parfois le grand ménage s’impose.
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